Photographie d’architecture : comment restituer la hauteur spectaculaire de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges ?

11 mai 2025 – Catégorie : Architecture, Matériel photo et conseils techniques – Sebastien Desnoulez

En tant que photographe d’architecture, j’ai souvent été confronté au défi de restituer en image des volumes vertigineux. Lors de ma visite de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, cette problématique s’est imposée immédiatement. L’intérieur de cet édifice gothique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, impressionne par sa hauteur, ses voûtes élancées et la lumière colorée qui traverse ses vitraux médiévaux. Capturer cette sensation de verticalité et d’élan était l’objectif principal de ma série.

Une nef gothique parmi les plus hautes de France

La cathédrale de Bourges possède l’un des intérieurs les plus saisissants du patrimoine gothique français. Sa nef centrale, sans transept, file sans interruption jusqu’au chœur, soulignée par une série de piliers massifs et d’arcades ogivales. Cette continuité verticale donne une sensation de profondeur et d’élévation rare. Depuis le sol, l’œil est naturellement guidé vers les voûtes nervurées, parfois teintées de lumière violette par les vitraux. Mon objectif était de retranscrire cette verticalité, sans la trahir par les déformations souvent induites par les objectifs ultra grand-angle.

Un objectif à décentrement pour éviter les distorsions

Pour cette série, j’ai utilisé le Canon TS-E 17mm f/4, un objectif à décentrement qui permet de corriger les perspectives sans avoir à incliner l’appareil. Il est monté sur mon Nikon Z8 avec une bague adaptatrice EF-Ringer, car actuellement Nikon ne propose pas d’objectif grand angulaire à décentrement de 17mm. Ce type d’objectif est particulièrement adapté à la photographie d’architecture intérieure. Il permet de capturer les lignes verticales sans déformation, notamment les colonnes, les ogives et les voûtes croisées qui structurent l’espace.

Une lumière filtrée, des couleurs subtiles

Un des aspects les plus fascinants de la cathédrale est la qualité de sa lumière intérieure. Selon les moments de la journée, les rayons filtrent à travers les vitraux anciens et projettent sur les murs et les voûtes des teintes allant du doré au violet profond. Ces jeux de lumière apportent une dimension presque mystique à l’espace. L’un des clichés que je préfère montre la voûte centrale teintée de reflets violets, photographiée à main levée car la lumière naturelle était suffisante en ce milieu d’après-midi.

Composer avec la symétrie et les lignes

Outre la lumière, la rigueur de la composition est essentielle. Les colonnes, les arcs brisés, les triforiums et les voûtes offrent une géométrie remarquable, que j’ai cherchée à respecter et à souligner. Certaines photos sont prises dans l’axe, d’autres en contre-plongée, toujours avec l’idée de rendre visible cette sensation d’élévation ressentie sur place. Le cadrage centré, les lignes convergentes, la répétition des motifs architecturaux participent à créer un rythme visuel cohérent.

Une cathédrale moins connue, mais exceptionnelle

Moins fréquentée que Notre-Dame de Paris ou Reims, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges mérite largement l’attention des photographes passionnés d’architecture gothique. Son plan sans transept, ses doubles bas-côtés, ses vitraux du XIII^e siècle, et surtout l’équilibre des volumes en font un terrain de jeu idéal pour expérimenter la photographie d’intérieur grand angle. Ce reportage m’a permis d’affiner mes choix techniques pour mieux transmettre l’émotion ressentie face à un édifice aussi monumental.

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