
Nikon Z 50mm ou Zoom 24–70mm – Quel objectif choisir ?
50mm ou zoom 24–70mm en monture Nikon Z : quel est le meilleur choix pour vos photos ? Ce guide pratique vous aide à trancher selon vos besoins réels — piqué, poids, bokeh, rendu, polyvalence. Un comparatif terrain pour éviter les mauvais achats.
Sommaire
- Du 50mm aux zooms modernes
- Les objectifs fixes standards
- 50mm f/1.4 vs f/1.8 : Luminosité vs qualité
- Le bokeh dans tout ça ?
- Les zooms trans-standards
- Comment faire son choix
- Choisir selon son contexte
- Le bon compromis : 24–70 f/4 d’occasion
Du 50mm aux zooms modernes
Pendant longtemps, l’objectif standard des boîtiers reflex était le 50mm. Une focale fixe, simple à fabriquer, peu coûteuse en version f/1.8 ou f/2, qui équipait la majorité des photographes amateurs. C’était souvent leur seul objectif, et pour beaucoup, un bon point de départ pour apprendre à composer et cadrer. Cette focale « normale », proche de la perception de l’œil humain, a même été la préférée d’Henri Cartier-Bresson.
Aujourd’hui, avec l’évolution des usages et du matériel, ce 50mm est souvent concurrencé par des zooms trans-standards qui offrent une polyvalence bien plus grande. Dans cet article, je propose un retour d’expérience d’utilisateur, basé sur mon usage en monture Z chez Nikon, avec des capteurs plein format (équivalents 24×36). Si vous utilisez une monture F ou un boîtier d’une autre marque, adaptez selon l’offre disponible.
Je ne parle pas ici de tests de résolution ou de courbes MTF[1]. Ce qui m’intéresse, c’est l’usage terrain, le poids, la polyvalence, le plaisir d’utilisation, et ce que permet chaque objectif dans la pratique.
Les objectifs fixes standards : 50mm et alternatives
En monture Z, Nikon propose plusieurs variantes autour de la focale standard :
Focale | Ouverture | MAP mini | Diamètre filtre | Longueur | Poids |
---|---|---|---|---|---|
50mm f/1.8 S | f/1.8 | 0,40 m | 62mm | 86mm | 415 g |
50mm f/1.4 | f/1.4 | 0,37 m | 62mm | 86,5mm | 420 g |
50mm f/1.2 S | f/1.2 | 0,45 m | 82mm | 150mm | 1090 g |
MC 50mm f/2.8 | f/2.8 | 0,16 m | 46mm | 66mm | 260 g |
58mm f/0.95 S Noct | f/0.95 | 0,50 m | 82mm | 153mm | 2000 g |
Le 50mm f/1.8 S se trouve autour de 400 € d’occasion. Si vous utilisez un zoom grand public peu lumineux, ce 50mm peut devenir votre optique la plus lumineuse, utile pour des portraits, de la photo en basse lumière ou des effets de flou artistique. C’est un bon complément, simple, fiable, compact.
Mais je préfère le Nikon Nikkor 35mm f/1.8 S, plus polyvalent à mon goût. Cela dit, j’ai utilisé le 50mm f/1.8 pendant plusieurs mois pour numériser mes négatifs et diapositives, avant de le remplacer par le Nikon Nikkor MC 50mm f/2.8 macro, plus léger, plus proche, et bien plus adapté à cet usage.
50mm f/1.4 vs f/1.8 : Luminosité vs qualité
Le 50mm f/1.4 est plus lumineux que le f/1.8 S d’environ 2/3 d’IL[2]. Sur le papier, c’est un atout : plus de lumière, plus de flou d’arrière-plan, et des photos possibles dans des conditions plus sombres. Mais nos boîtiers actuels gèrent très bien les hautes sensibilités, et dans la plupart des cas, cet écart de 2/3 d’IL ne change ni le bruit visible, ni la dynamique du fichier final de manière significative.
En revanche, le f/1.8 S fait partie de la gamme S-Line, ce qui implique une meilleure qualité optique, une meilleure correction des aberrations, un piqué supérieur, et une construction plus exigeante, selon les courbes MTF et les tests de terrain. Le 50mm f/1.4, plus récent, n’est pas un S-Line, ce qui interroge sur la stratégie de gamme chez Nikon.
La question se pose donc : est-ce que 2/3 d’IL valent le coup, quand la différence de piqué, poids et prix est en faveur du f/1.8 ? À chacun de juger selon ses besoins, mais dans un contexte où l’on peut monter sans souci à 3200 ou 6400 ISO, la vraie rupture se situe ailleurs — par exemple entre un 24–200 f/6.3 et un 50mm f/1.8, soit 3 à 4 IL[2] d’écart.
Le bokeh dans tout ça ?
Les différences entre les 50mm f/0.95, f/1.2, f/1.4 et f/1.8 sont bien visibles — notamment sur les cercles de confusion, la progressivité du flou ou le rendu des hautes lumières.
Le Noct f/0.95 crée un rendu très particulier, presque onirique, mais il est massif, manual et peu adapté à un usage généraliste. Le f/1.2 S offre un bokeh très doux, mais c’est aussi un monstre de poids. Le f/1.4, plus compact, donne un flou marqué, parfois un peu plus nerveux. Le f/1.8 S reste très équilibré, avec un bokeh fluide et agréable.
Mais ici, le but n’est pas de comparer les performances absolues entre ces objectifs accessibles et les deux versions pro lourdes et encombrantes, destinées à des usages spécifiques, mais de guider un photographe qui hésite entre un 50mm lumineux et un zoom trans-standard à prix raisonnable.
Les zooms trans-standards
Focale | Ouverture | MAP mini | Diamètre filtre | Longueur | Poids |
---|---|---|---|---|---|
24–50mm f/4–6.3 | f/4–6.3 | 0,35 m | 52mm | 51mm | 195 g |
24–70mm f/4 S | f/4 | 0,30 m | 72mm | 88mm | 500 g |
24–70mm f/2.8 S | f/2.8 | 0,38 m | 82mm | 126mm | 805 g |
24–70mm f/2.8 S II | f/2.8 | 0,24–0,33 m | 77mm | 142mm | 675 g |
24–120mm f/4 S | f/4 | 0,35 m | 77mm | 118mm | 630 g |
24–200mm f/4–6.3 | f/4–6.3 | 0,50 m | 67mm | 114mm | 570 g |
Le 24–70mm f/4 S est souvent proposé en kit avec les premiers hybrides plein format Nikon Z. Compact, bien construit, et doté d’un bon piqué, il reste un excellent choix pour voyager léger.
Le 24–70mm f/2.8 S est la référence des photojournalistes, utilisé en tandem avec un 70–200mm f/2.8 sur le second boîtier. Solide, lumineux, doté de traitements optiques avancés, c’est un outil polyvalent… mais lourd et encombrant.
La version II, tout juste annoncée, apporte plusieurs améliorations intéressantes : elle est plus légère, adopte un diamètre de filtre de 77mm, plus standard dans le monde des zooms f/2.8, et intègre des traitements optiques plus récents (méso-amorphe).
Le 24–120mm f/4 S, c’est le couteau suisse du photographe. C’est celui que j’emporte en voyage, pour de la photo de rue ou du tourisme quand je veux voyager léger avec un seul boîtier. Il permet de passer d’une scène large à un cadrage serré, sans changer d’objectif, ce qui est précieux dans les zones fréquentées ou poussiéreuses.
Les zooms à plage étendue, comme les 24–200mm ou 28–400mm, sont pratiques pour les voyages ensoleillés où l’on ne veut pas s’encombrer. Leur manque de luminosité limite leur usage en intérieur, mais ils offrent une polyvalence rare.
Deux zooms pourtant bien connus ne figurent pas dans ce tableau :
- le NIKKOR Z 28–135mm f/3.5–4.5 PZ, car il est avant tout conçu pour la vidéo, avec sa motorisation Power Zoom et ses fonctionnalités spécifiques aux tournages ;
- le NIKKOR Z 28–75mm f/2.8, qui pourrait avoir sa place ici, mais j’ai volontairement limité la sélection aux zooms commençant à 24mm, pour rester cohérent avec les usages photo de paysage ou d’architecture, où chaque millimètre en grand-angle compte.
Comment faire son choix
En photo de rue ou d’architecture, un zoom permet d’affiner le cadrage sans bouger. Utile pour éliminer un élément perturbateur, ou gagner du temps quand l’environnement est changeant.
Si vous avez déjà un zoom étendu, comme un 24–200 ou un 28–400, investir dans un 50mm f/1.8 à petit prix peut vous offrir une vraie ouverture (3 à 4 IL de différence), et donc des ISO plus bas, moins de bruit, et plus de créativité en faible lumière.
Si vous utilisez un ultra grand-angle (14–30mm ou 14–24mm) et un téléobjectif (70–180mm ou 70–200mm), un objectif standard de 50mm comble le vide entre ces deux extrêmes. C’est une focale de transition utile, souvent plus lumineuse, et permettant de varier les compositions.
Choisir selon son contexte, pas selon la fiche technique
Contrairement à Ansel Adams, qui voyageait en camionnette avec tout son matériel de prises de vues, ses trépieds et une gamme complète d’optiques, nous devons faire des choix plus modestes : par budget, par poids transportable, et parfois par fatigue du dos.
En ville, avec un seul boîtier, ou en bord de mer sous les embruns, je choisis souvent le 24–120mm f/4 S, qui me permet de cadrer vite et bien sans changer d’objectif.
Orage à Trinidad del Mar, Cuba – Photo : © Sebastien Desnoulez – Nikon 24–120mm f/4 S
Quand j’ai le temps, ou que je veux travailler en précision, j’opte pour le Nikon Nikkor MC 50mm f/2.8 macro, léger, macro, et suffisamment polyvalent.
Le bon compromis : 24–70mm f/4 d’occasion
Si vous souhaitez un trans-standard sans trop investir, parce que vous n’utilisez cette plage que ponctuellement, le Nikon Z 24–70 mm f/4 S est un excellent choix.
Solide, compact, bien corrigé, il fait partie de la gamme S‑Line, ce qui garantit une bonne qualité de fabrication, un traitement optique sérieux (nano-cristal, fluor, etc.) et un rendu cohérent avec les autres objectifs S. Sa construction interne témoigne du soin apporté par Nikon : 14 lentilles en 11 groupes, dont 1 lentille en verre ED, 1 lentille en verre ED asphérique, 3 lentilles asphériques, un traitement nanocristal et un traitement au fluor sur la lentille frontale.
On le trouve aux alentours de 400 € en occasion, car il a souvent été vendu en kit avec les boîtiers Z, et de nombreux utilisateurs l’ont remplacé par des modèles plus lumineux ou plus polyvalents.
Certes, il n’offre pas le même flou d’arrière-plan que les versions f/2.8, ni l’amplitude d’un 24–120 mm, et certains tests montrent une légère baisse de performance sur les bords à 70 mm. Mais il suffit largement pour un usage courant en paysage, voyage, photo urbaine ou documentaire. Un bon rapport qualité/prix pour celles et ceux qui cherchent un zoom S-Line de qualité sans trop alourdir leur sac… ni leur budget.
À propos de l’auteur
Sebastien Desnoulez est photographe professionnel spécialisé en photographie d’architecture, de paysage et de voyage. Formé à la photographie dès les années 1980, il a couvert des compétitions de Formule 1 et des reportages à travers le monde, avant de se consacrer à une photographie d’art exigeante, mêlant composition, lumière et émotion. Il partage aussi son expérience technique à travers des articles pratiques destinés aux photographes passionnés, notamment autour des optiques Nikon Z et des workflows hybrides.
Glossaire
1. MTF (Modulation Transfer Function) : Il s’agit d’une mesure de la capacité d’un objectif à restituer les détails fins d’une scène. Plus la courbe MTF est haute et plate, meilleure est la qualité optique en termes de contraste et de piqué.
2. IL / EV (Indice de Lumination / Exposure Value) : L’IL (ou EV en anglais) est une unité de mesure combinant l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO pour déterminer l’exposition. Un écart de 1 IL correspond à un « stop », soit un doublement ou une division par deux de la quantité de lumière. Cela peut se traduire par une ouverture de f/4 à f/5.6 ou une vitesse de 1/125s à 1/60s.
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