Porsche 911 GT1-98 sur trois roues – 24 Heures du Mans 1998
Le samedi 6 juin 1998, en fin d’après-midi, à la sortie des S de la forêt, la Porsche 911 GT1-98 n°26 passe à vive allure, en appui sur trois roues. La roue avant droite ne touche plus le bitume, soulevée par la rigidité du châssis et la fermeté des suspensions. La lumière rasante souligne les courbes tendues de la carrosserie, dans l’un des passages les plus spectaculaires du circuit.
J’ai photographié cette action avec mon Nikon F5, équipé d’un 500mm f/4 Ai-P à mise au point manuelle, combiné à un multiplicateur de focale 1,4x, soit une focale effective de 700mm f/5.6. Le film utilisé était une Fuji Provia 100 ISO. Cette configuration m’a permis de cadrer serré malgré la distance, en me concentrant sur la trajectoire précise des voitures dans cette section technique.
Positionné à une trentaine de centimètres des glissières de sécurité, j’ai dû m’éloigner sur les conseils d’un commissaire de piste, inquiet de la possible propagation d’une onde de choc le long des rails en cas de sortie de route. Je suis resté quelques tours à cet endroit, suffisants pour obtenir cette vue peu commune d’une voiture de tête dans une phase dynamique très marquée.
Victoire pour Porsche et un trio d’exception
La voiture en question est celle des vainqueurs des 24 Heures du Mans 1998 : Allan McNish, Laurent Aïello et Stéphane Ortelli. Avec ce succès, Porsche signait sa 16e victoire dans la Sarthe. La GT1-98, dans sa version fermée, était engagée dans la catégorie LMP1 et représentait l’aboutissement d’un programme de développement initié plusieurs années auparavant. Elle était propulsée par un moteur six cylindres à plat biturbo, monté en position centrale arrière.
Son design profilé, ses appendices aérodynamiques et sa livrée Mobil 1 sont devenus emblématiques de la fin des années 1990. Ce type de prototype fermement suspendu et optimisé pour l’endurance offrait peu de débattement, ce qui explique que la voiture puisse se retrouver temporairement sur trois roues en phase d’appui maximal.
Une publication en double page dans Auto Hebdo
Le dimanche 7 juin, au matin, j’ai photographié cette même Porsche à l’entrée du virage des S de la forêt. Cette seconde image, capturée dans une lumière différente, a été choisie pour illustrer la double page d’ouverture de l’article rétrospectif publié dans le magazine Auto Hebdo – une belle reconnaissance dans la presse spécialisée de l’époque.
Ce type d’image repose autant sur la maîtrise du matériel que sur l’observation du comportement des voitures et de la lumière. À 700mm, en mise au point manuelle, chaque déclenchement demande anticipation et précision. J’ai toujours cherché à produire des images lisibles, esthétiques et expressives, même en pleine vitesse.
Cette photographie fait partie de mes archives personnelles de sport automobile. Elle témoigne d’un moment de tension, de technique et d’énergie condensés sur un tour de circuit. Une manière de documenter l’endurance non pas par ses résultats, mais par les gestes, les lignes et les efforts extrêmes qu’elle impose à la mécanique comme aux pilotes.
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