World Trade Center – New York 1985
En janvier 1985, à l’occasion d’un départ pour le Texas, je fais escale quelques jours à New York. Je découvre la ville l’hiver, avec curiosité, et photographie sans autre intention que de garder trace de ce moment. Parmi les lieux incontournables, le World Trade Center s’impose. Cette série d’images, devenue précieuse avec le temps, marque mes premiers pas dans une approche photographique plus consciente, entre cadrage instinctif et émerveillement urbain.
Un souvenir initiatique
Je suis arrivé à New York depuis la France, avant de poursuivre mon voyage vers le Texas en bus et en stop. Sans plan préétabli, j’explore la ville à pied, de Battery Park à Central Park, et décide de monter au sommet du World Trade Center. Le panorama depuis le 107e étage m’impressionne autant qu’il me déroute. Je photographie peu, mais chaque déclenchement compte. La lumière d’hiver, voilée, donne une teinte presque onirique aux images.
Du haut des tours
Je prends de la hauteur, littéralement. Les ponts de Manhattan et Brooklyn se dessinent en enfilade, la ville s’étale à perte de vue. Je suis frappé par la géométrie urbaine, le quadrillage, la superposition des voies, les structures métalliques. Ces vues me parlent sans que je sache encore pourquoi. C’est la première fois que j’observe le monde avec cette attention aux formes, aux rythmes, aux lignes.
Retour en juillet : lignes, reflets et géométrie
Je reviens à New York en juillet 1985, à la fin de mon séjour texan. Quatre jours intenses pour parcourir la ville avec un œil déjà plus averti. Je retourne dans le quartier du World Trade Center, fasciné par l’architecture monumentale et l’atmosphère du site. Le jour comme la nuit, je multiplie les cadrages : reflets dans les vitres, sculptures, contrastes entre ombre et lumière.
Parmi les images réalisées cet été-là, une photographie en plein jour attire particulièrement mon attention aujourd’hui. Prise en contre-jour depuis l’esplanade du World Trade Center, elle laisse apparaître un flare traversant l’image, provoqué par la lumière du soleil. À l’époque, je n’y voyais qu’un défaut technique. Aujourd’hui, ce détail involontaire m’évoque les approches vernaculaires de photographes comme Stephen Shore, où les accidents deviennent des éléments esthétiques à part entière.
Une autre image, réalisée à la tombée de la nuit, montre l’une des entrées du complexe bordée de colonnes métalliques et dominée par une sculpture monumentale aux lignes anguleuses. Les lumières des bureaux, encore allumées à cette heure bleue, dessinent un motif géométrique vibrant sur la façade incurvée du bâtiment voisin.
La photographie comme déclencheur
À l’époque, je ne me définis pas encore comme photographe. Je cherche simplement à capturer ce que je vois. Pourtant, ces images révèlent un goût naissant pour la structure, les contrastes, les ambiances lumineuses. Sans le savoir, je m’initie à une écriture visuelle qui deviendra peu à peu la mienne.
Le World Trade Center, disparu depuis, demeure le lieu symbolique de cette première conscience photographique. Un lieu où l’œil commence à se poser autrement, à chercher un équilibre, une tension, une émotion visuelle.
Un regard transformé
Ces photographies ont été redécouvertes bien plus tard, lors d’un travail d’archivage de mes négatifs et diapositives. Elles n’ont pas été retouchées, sinon pour retrouver un peu de leur éclat d’origine. Certaines compositions m’étonnent encore : elles contiennent déjà des éléments qui nourrissent mon travail d’aujourd’hui — géométrie, lumière rasante, lignes de fuite, verticalité.
New York 1985 m’a appris à regarder, tout simplement. À ressentir une scène avant de la cadrer. À m’arrêter. Et ces quelques images, faites presque par instinct, sont devenues les jalons silencieux d’une passion durable pour la photographie.
Ces images rares sont proposées en tirages d’art en édition limitée (12 exemplaires), signés et numérotés avec certificat d’authenticité, dans la galerie Une image pour rêver.
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